ce qu'on a sorti:
une K7 en 2011 - épuisée

un EP en 2013 - dispo pour 4€
un LP en 2014 - épuisé
un split 10" avec Ultradémon en 2016 - dispo pour 5€
un LP en 2020 - dispo pour 9€
tout s'écoute et se télécharge sur notre page bandcamp
pour une commande, contacte-nous : villeportuaire(at)gmail.com

05/11/2011

interview dans freak out 3

 


 1-Certains font des groupes pour le fun, pour avoir une occasion de voyager, pour avoir des bières gratuites ou pour se marrer avec les potes. Taulard a commencé comme un projet solo, avec des textes sombres et introspectifs semblant très personnels, alors j’imagine que la motivation de base était autre part. Josselin, quand et pourquoi avoir commencé Taulard ? Où habitais-tu, que se passait-il dans ta vie à cette époque, quel était le contexte, et en as-tu tiré quelque chose ?
Josselin: J’ai commencé à écrire les textes de mes chansons en février 2008. Je venais de m’installer à Villeurbanne, chez une astrologue. A l’époque, j’avais déjà composé la plupart des mélodies. En fait les premières mélodies de Taulard remontent à 2006, j’avais alors un groupe à Grenoble qui s’appelait Mes 17 ans. J’y jouais de la contrebasse et je chantais. De cette époque datent les chansons Dans mes tempes, Frankreich Katastrophe, 31/12/00, Les abords du lycée et Pourquoi suis-je allé au Boom? Elles ne portaient pas encore ces noms la mais la musique et les structures des morceaux sont restées quasiment les mêmes. Quand j’ai commencé à écrire mes textes, je revenais de Londres où j’avais passé du temps et m’étais acheté un synthé sur un marché. J’avais accumulé pas mal d’idées de chansons, notamment sur mon expérience à l’étranger et déjà sur le sentiment de ne pas avoir pris les bonnes décisions, que je décris à plusieurs reprises dans mes chansons. J’avais, depuis l’époque de Mes 17 ans, l’envie  d’écrire une chanson sur mon frère suicidé. Je me suis donc lancé dans l’écriture, dans l’arrière chambre d’un cabinet d’Astrologie. Les textes se sont enchainés, je jouais mes différentes compositions et je leur attribuais un sujet sur lequel je voulais écrire : grandir dans un milieu rural, faire face à la perte, s’échapper enfin du foyer familial. J’ai commencé le projet en solitaire car je n’avais à l’époque personne avec qui jouer. Je n’ai jamais conçu Taulard comme un projet solo, un projet personnel oui, mais toutes ces chansons étaient destinées à être jouées en groupe. Seulement ça a pris du temps avant que je sache que ce groupe allait se former non pas Londres, ni à Lyon mais bien à Grenoble, la où j’avais atterri après avoir grandi dans la Drôme et ville que je m’étais promis de quitter dès ma Licence acquise. Et tandis que je galérais à savoir « où ai-je ma place ? Où dois-je m’installer pour enfin commencer à construire des choses ? », je continuais à jouer du synthé, à trouver des mélodies accrocheuses et à écrire des textes sur mes états d’âme. Après avoir eu le sentiment de m’être égaré pendant trois ans, je suis revenu m’installer à Grenoble en Juillet 2009 et j’ai repris mes ambitions de monter un groupe la où je les avais laissées. Non pas que je n’ai pas essayé de monter Taulard à Lyon, mais à Grenoble tout m’a paru beaucoup plus facile à entreprendre. Et depuis, tout s’est enchaîné assez rapidement.
2-Qu’en est-il aujourd’hui ? A quoi ressemble la vie de tous les jours des membres de Taulard ? Travail, école, chômage, hobbies ?
Josselin: Aujourd’hui, le moral est au beau fixe. Je suis en train de faire ici à Grenoble les choses que j’attendais et espérais faire depuis si longtemps: faire parti d’un groupe, répéter toutes les semaines et faire des concerts mais aussi tisser progressivement des liens avec des gens, se faire des potes et ne plus faire que passer. Notre dernière chanson s’intitule « Se sortir d’un faux pas » et ça résume bien ma situation actuelle, bien que « S’être sorti d’un faux pas » serait encore plus juste. Sinon, Je travaille dans un collège, je suis pion, ce qui est un peu chiant, et prof vacataire d’éducation musicale, ce qui me plaît mieux, tout ça au même endroit. Je joue de la contrebasse. Je vais régulièrement aux concerts D.I.Y et au Local Autogéré, je me sens comme faisant parti de la scène punk de Grenoble.
Nico batterie: Je suis au lycée en terminale L. Je vais de temps en temps aux concerts punk. Sinon je fais beaucoup de musique, je joue de la batterie, de la guitare et du cor. En fait chez nous on a une cave aménagée en local de répétition, ce qui est assez pratique pour jouer de la musique tout le temps.
Jérôme: Je suis en seconde générale au lycée Mounier (venez en soutien contre la destruction !). Je joue aussi beaucoup de musique, de la basse et de la guitare, dans plusieurs groupes et comme hobby chez moi.
Nicolas synthé: Pour ma part j'essaie de subsister économiquement parlant en combinant des activités humainement riches tant que c'est possible. Actuellement je suis animateur référent sur un temps de cantine en milieu scolaire élémentaire et je suis également professeur de formation musicale en école de musique, des plus petits aux adultes. Sinon je mène une vie citadine standard, entre sorties avec les potes et souci de découvrir et soutenir la scène locale, aussi bien en musique qu'en théâtre, art de rue et tout autre forme de manifestations artistiques et/ou politiques.
 3-Comment s’est faite la transition entre le projet solo et le groupe de quatre personnes ? J’ai crû comprendre que certains morceaux en groupe ont été enregistrés à Londres, avec d’autres personnes ? Comment s’est fait la rencontre puis le recrutement des trois autres membres actuels ?
Josselin : Quand je me suis réinstallé à Grenoble, j’avais déjà enregistré plusieurs de mes chansons avec mon ordi et je les faisais écouter à mes proches. Nicolas était à la fac avec moi. On ne s’était pas vu depuis un moment mais je savais qu’il jouait du piano et qu’il y avait moyen qu’il soit intéressé. Ca a marché. Nicolas et Jérôme sont les cousins d’un bon pote à moi. Je les ai rencontrés en mai 2009, puis j’ai passé un mois chez eux à Grenoble quand je n’avais pas encore ma propre piaule. Ils ont une cave dans laquelle ils jouent tous les jours. A la rentrée, j’ai proposé à Nico batterie de commencer à monter les morceaux à deux. Je pensais toujours que j’allais jouer de la basse dans le groupe mais j’ai bientôt lâché l’affaire. A l’époque je visionnais pas mal de vidéos des Descendents et Dead Kennedys et je voulais avoir la même présence scénique que les deux chanteurs. La basse était de trop. On a donc demandé à Jérôme qui se trouvait deux étages plus haut s’il n’avait pas envie de nous rejoindre dans la cave. Au début on ne faisait pas de répétition  avec le groupe en entier. Nico venait chez moi et je lui apprenais les parties synthé et j’allais chez les deux frères montrer les lignes de basse à Jérôme, puis on jouait tout de suite la chanson à trois. La première rencontre avec le groupe enfin réuni s’est faite en Novembre, il y a tout juste un an. Moi j’ai sorti ma démo en Décembre mais ça n’a plus grand chose à voir avec le son qu’on a maintenant.
Pour la question sur Londres, tu t’es mal informé. A Londres, je jouais de la contrebasse et j’avais un groupe avec des danseurs de claquettes. Par contre, j’ai réutilisé les pistes de batterie qu’on avait enregistré tu temps de Mes 17 ans  pour ma démo .
4- Au moins deux des membres du groupe sont assez jeunes. Est-ce votre première expérience de groupe ? Connaissiez vous le milieu punk auparavant, et quel en est votre vision ? Vous sentez-vous bien ou mal accueillis ? Pensez-vous faire partie d’une quelconque « scène » ?
Jérôme et Nico : Non, on jouait déjà dans un groupe de rock avec des textes engagés avant Taulard. Maintenant, on joue toujours dans plusieurs groupes de différents styles, comme chanson française et jazz. On ne connaissait pas le milieu punk avant. On s’est senti bien accueilli, la plupart des gens sont très sympas, malgré quelques trouble-fêtes imbibés d’alcool. Quand on a joué à la montagne, on a apprécié l’accueil et le fait qu’il y ait à manger et à boire pour nous et ceux qui nous accompagnaient. Et puis on est allé à quelques concerts à Grenoble avec Joss et Nico et on a bien aimé l’énergie. Après on ne connaît pas grand monde donc on n’a pas encore vraiment discuté avec les gens, mais la différence d’âge ne nous gêne pas. Comme on joue différents styles de musique, on ne se sent pas comme faisant parti d’une unique scène musicale, mais appartenant à la scène musicale grenobloise en général.
 5-Quel genre de musique écoutez vous et quelles sont vos influences, musicales et autres ?
Josselin : J’écoute des trucs assez variés. Du punk et de la New Wave : Meat Puppets, Depeche Mode, Oingo Boingo. J’aime bien le groupe Delay que j’ai vu à Lyon.  Sinon des trucs pop plus calmes genre Elliot Smith ou Sufjan Stevens. Je ne me passe pas d’écouter le Stabat Mater de Pergolese avant de m’endormir. J’aime beaucoup la musique éthiopienne (éthiopiques n°13 mon préféré) parce qu’ils utilisent des modes qui ne nous sont pas familiers et que l’orgue électronique est souvent présent. Et puis Electric Deads  que j’ai découvert récemment, ce groupe possède une énergie incroyable. Arvo Pärt m’influence, pour la simplicité des mélodies et l’accompagnement en accords arpégés (surtout la pièce Spiegel im Spiegel) sinon les bd autobiographiques genre Blankets de Craig Thompson et My New York Diary de Julie Doucet. Les sons tenus de mon synthé m’inspirent beaucoup.
Jérôme : J’écoute beaucoup de musique des années 70 comme Jimi Hendrix, Janis Joplin, Ten years after, Pink Floyd etc… sinon j’aime bien tous les styles de musique: jazz, funk, blues, reggae, classique, rap (français), dub déviant à l’électro, punk-rock puis des musiques du monde…
Nicolas batterie : j’écoute un peu de tout, de la musique grecque antique, du classique, jazz, blues, rock, reggae, hard rock, punk, métal, musique africaine, rap, électro, drum’n’bass, hardtek, trance, new wave, pas mal de groupes des années 50, 60, 70, 80, 90… je vais pas vous faire une liste exhaustive, mais j’essaie d’écouter un maximum de trucs.
Mes groupes préférés, je peux parler de Pink Floyd… Je vis en quelque sorte par la musique, je ne pourrais pas m’en passer.
Nico synthé : En ce qui me concerne j'écoute principalement des groupes des années 80 ou qui gravitent autour. Comme Joy Division, The Cure, The Smiths ou encore les Pixies. Egalement des groupes plus orientés shoegaze comme Slowdive ou My Bloody Valentine. Actuellement, j'écoute en boucle depuis qu'il est sorti l'unique album de The Organ, je suis un vrai fan du groupe Xiu Xiu et j'ai été pas mal secoué par le premier album de MOPA (My Own Private Alaska).Sinon le cinéma est pour moi une source première d'expériences, depuis les films très sensuels et oniriques de réalisateurs comme Atom Egoyan, Gregg Araki et David Lynch à des films plus engagés et ancrés socialement comme ceux des frères Dardenne ou encore Erick Zonca.
6-Il semble que « Sur la Roche », un morceau me paraissant triste, courageux et personnel, mais abordant un sujet sensible, ait fait polémique dans certains milieux à Grenoble. Comment avez-vous vécu ça ? Jouez-vous encore la chanson, et si oui en avez-vous modifié les textes ?
 Josselin : C’est pas très clair pour moi cette polémique. J’ai l’impression que s’il y en a eu une, j’en ai été écarté car on m’a très peu parlé de cette chanson. J’ai su qu’il y avait eu des critiques de faites seulement par l’intermédiaire d’un ami qui les a entendues et m’en a fait  les échos. Quand on est allé jouer à la  montagne, les gen-te-s qui organisaient nous ont demandé de ne pas la jouer car elle pourrait faire bader certaines personnes et ce n’était pas le but de la soirée. On a été d’accord pour l’enlever du set même si leur décision nous paraissait surprenante.  En effet, pourquoi retirer cette chanson, qui parle d’abus sexuels au sein d’une relation amoureuse, et nous laisser jouer 31/12/00? alors que le sujet abordé est le suicide et qu’elle comporte des paroles explicites qui peuvent tout autant faire bader. De toute manière, on était tellement content de jouer là-bas qu’on n’allait pas s’opposer à ça et faire les difficiles. Mais je me suis rendu compte que chanter ces chansons m’affectaient moi-même beaucoup et que s’il fallait amputer du set toutes les chansons tristes et désagréables, on devrait en supprimer au moins quatre.
On continue à la jouer bien sûr, pour tout dire c’est l’une de nos préférées, pas forcément pour le texte mais bien plus pour la mélodie entêtante. Et du coup, après avoir su que les critiques portaient notamment sur le refrain, on en a effectivement changé les paroles, « quand est-ce que tu reviendras ? », qui n’était pas approprié, est devenu « quand est-ce qu’on se reverra? » ce qui donne moins l’impression d’espérer encore que cette relation se poursuive, alors que ce n’est pas ce que je voulais faire entendre et que ce n’est de toute façon pas possible, elle n’habitant plus sur ce continent et cette histoire ayant déjà presque dix ans.
7. Quels sont les projets de Taulard, y’a-t-il des choses que vous aimeriez particulièrement faire avec ce groupe ?
On aimerait enregistrer nos chansons, faire un CD ou un 45 tours, jouer dans les villes voisines, continuer de jouer à Grenoble et faire une tournée pendant l’été, quand Nicolas aura passé son bac.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire